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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/213

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les prairies. Ces divers mouvements s’opérèrent au même instant, et la seconde division disparut bientôt derrière un verger assez épais. L’autre corps commença à monter la colline d’un pas lent et mesuré, pour donner le temps aux pièces de campagne de joindre leurs décharges au bruit effroyable de la canonnade qui avait recommencé avec une nouvelle fureur au moment où les bataillons s’étaient mis en marche. Lorsque tous les pelotons furent arrivés au point convenu, ils s’arrêtèrent, et une ligne formidable de guerriers se développa lentement aux rayons du soleil.

— C’est un superbe spectacle, dit Burgoyne qui était resté à côté de Lionel, et qui sentait son imagination s’enflammer en voyant ces belles dispositions. Comme ces mouvements sont bien exécutés ! avec quel ordre cette ligne imposante, qui s’est formée majestueusement, s’avance maintenant vers l’ennemi !

Le major Lincoln était trop ému pour répondre, et le général oublia bientôt qu’il avait parlé, absorbé par le spectacle terrible qu’il avait devant les yeux. Les troupes anglaises gravissaient la colline d’un pas si mesuré et avec tant de précision, qu’elles semblaient plutôt défiler à une parade que monter à l’assaut. Leurs drapeaux flottaient fièrement au-dessus de leurs têtes, et par moment le son belliqueux des trompettes s’élevait au milieu de l’air et se mêlait au bruit de l’artillerie. Les jeunes présomptueux qui se trouvaient dans leurs rangs tournaient la tête du côté de la ville ; ils souriaient d’un air de triomphe en voyant les clochers, les toits, les collines, couverts de milliers de spectateurs dont les regards étaient fixés sur eux.

Lorsque les lignes anglaises furent arrivées presque au pied de la redoute, et qu’elles commencèrent à se former de nouveau en pelotons autour des différentes faces qu’elle présentait, les batteries se turent l’une après l’autre, et le canonnier, étendu sur sa pièce, contemplait ce spectacle dans un muet étonnement ; mais pendant quelques minutes encore le bruit de la canonnade se fit entendre parmi les échos des collines comme le roulement lointain du tonnerre.

— Ils ne se battront pas, Lincoln, dit le même général qui avait déjà parlé à Lionel ; l’attitude militaire de nos troupes les a glacés d’effroi, et notre victoire ne sera pas sanglante.

— Nous verrons, Monsieur, nous verrons.