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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/231

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vers que j’ai composés sur un vase qu’avait cassé la femme de chambre de lady Bab, qui donna pour excuse que j’avais voulu l’embrasser ; comme si tous ceux qui me connaissent ne savaient pas que je n’avais pas besoin de casser un vase pour embrasser cette sotte créature.

— Fort bien, dit Lionel, quelque jour, quand j’aurai plus de force, je vous demanderai peut-être la faveur de me lire ces deux chefs-d’œuvre ; mais en attendant descendez à l’office et examinez ce qui s’y trouve, car je sens des symptômes qui annoncent le retour de la santé.

Le valet très-satisfait partit à l’instant et abandonna son maître à ses réflexions. Quelques minutes se passèrent avant que le jeune militaire soulevât sa tête, qui était appuyée sur sa main, et il ne changea d’attitude que parce qu’il crut entendre près de lui le bruit d’un pas léger. Son oreille ne l’avait pas trompé. Cécile Dynevor n’était qu’à quelques pieds de son fauteuil, qui était placé de manière qu’elle ne pouvait l’apercevoir en entrant. On voyait, à la précaution avec laquelle elle marchait, qu’elle s’attendait à trouver le malade où elle l’avait laissé la dernière fois qu’elle l’avait vu, sur le lit de douleur où il était resté étendu pendant si longtemps.

Lionel suivit des yeux ses mouvements pleins de grâce, et vit avec peine la pâleur extraordinaire de ses traits. Mais quand elle eut tiré les rideaux du lit, et qu’elle n’y vit personne, la pensée n’a rien de plus rapide que n’en eut le mouvement qu’elle fit pour se tourner vers le fauteuil. Elle rencontra les yeux de Lionel fixés sur elle avec délices, et brillants d’un feu d’intelligence et de vivacité dont ils avaient été privés depuis tant de mois. Cédant à la surprise et au plaisir qu’elle éprouvait, Cécile courut à lui, et s’écria en saisissant une main qu’il étendait vers elle :

— Lionel, mon cher Lionel ! vous êtes donc mieux ? Que d’actions de grâces j’ai à rendre au ciel en vous voyant ainsi !

Tandis qu’une main de Lionel était ainsi pressée entre celles de Cécile, il y sentit un papier, et il s’en empara sans qu’elle y opposât aucune résistance.

— Ma chère Cécile, lui dit-il après y avoir jeté les yeux, c’est la lettre que je vous ai écrite au moment où je savais que ma vie allait courir des dangers, la lettre où je vous faisais connaître les plus secrètes pensées de mon cœur ! Dites-moi si je dois tirer un