Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était venu rendre à Dieu les plus vives actions de grâces pour la guérison de l’homme qui allait devenir son mari.

Mrs Lechmere ayant déclaré que, lors même que la cérémonie se fût faite à la maison, sa grande faiblesse et l’agitation qu’elle avait déjà éprouvée l’auraient empêchée d’en être témoin, il n’y avait plus aucune raison pour ne pas céder au désir de Cécile, quoiqu’il ne fût pas d’accord avec les usages adoptés alors. Autant elle souhaitait être mariée à l’église, autant elle craignait d’être entourée d’une foule curieuse et importune, et pour accorder ces deux points difficiles, il était nécessaire de remettre la bénédiction nuptiale à une heure assez avancée, et de tenir le plus secret possible l’événement qui se préparait.

Cécile ne mit que sa cousine dans sa confidence. La précipitation et le mystère qu’on mettait à son mariage la dispensaient des vains préparatifs ordinaires en pareil cas, et elle eut bientôt fini ses petits arrangements, sinon sans émotion, du moins sans alarme. Lionel avait bien plus de choses à penser. Il savait que le moindre soupçon de ce qui allait se passer ressemblerait autour de l’église et jusque dans le sanctuaire une foule curieuse et gênante, et il résolut de tout arranger dans le silence et le calme de la nuit. Pour éviter tout obstacle de ce côté, Meriton fut envoyé vers le prêtre, pour le prier de désigner à quelle heure de la soirée il pourrait accorder une entrevue au major Lincoln. Le docteur Liturgy lui fit répondre que passé neuf heures il aurait fini tous les offices du jour, et qu’il serait prêt à le recevoir. Il ne restait donc qu’à fixer l’heure du mariage, et Lionel pria Cécile de se trouver à l’église à dix heures.

Le major, se défiant un peu de la discrétion du capitaine Polwarth, se contenta de lui dire qu’il devait se marier le soir même et qu’il le priait d’être de bonne heure dans Tremont-Street pour donner la main à sa prétendue. Tous ses domestiques reçurent des ordres détaillés, et, longtemps avant le moment décisif, Lionel avait tout disposé pour n’avoir à craindre aucun obstacle. L’esprit un peu mélancolique et romanesque de Lionel lui faisait trouver un secret plaisir dans le mystère qui environnait les apprêts de son bonheur. Il n’était pas tout à fait exempt de cette sensibilité portée jusqu’à l’extrême qui était le signe caractéristique de sa famille ; mais, soit par la vivacité de son imagination, soit par l’expérience qu’il avait acquise en étant forcé de bonne