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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/272

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— J’ai très-bien compris votre intention, Lionel, et vous ne devez pas non plus vous méprendre sur la mienne. Je deviendrai votre femme ce soir, et ce sera avec joie, car quelle raison aurais-je de douter de vous maintenant plus qu’autrefois ? Mais nos vœux doivent être prononcés à l’autel.

Agnès voyant que l’émotion de sa cousine l’empêchait presque de s’exprimer, l’interrompit gaiement en disant à Lionel :

— Quant à la neige, vous connaissez bien peu les filles de Boston si vous croyez qu’elle puisse leur faire peur. Vous rappelez-vous, Cécile, combien de fois, dans notre enfance, nous nous sommes amusées à nous faire descendre en traîneau du sommet de Beacon-Hill, par des temps bien plus affreux que celui d’aujourd’hui ?

— Nous avons fait beaucoup de folies à dix ans que nous ne pourrions nous permettre à vingt, Agnès.

— Miséricorde ! elle parle déjà comme une matrone, s’écria Agnès en levant les yeux au ciel et en joignant les mains avec une admiration affectée. L’église seule peut satisfaire une dame si discrète, major Lincoln ; épargnez-vous toute remontrance à ce sujet, et commencez l’énumération des manteaux et des surtouts nécessaires pour vous préserver du froid.

Lionel répondit avec gaieté, et une conversation animée, qui amusa beaucoup Cécile, commença entre sa cousine et Lincoln. Quelque temps après, Polwarth arriva. Il était dans une tenue soignée, et l’expression de sa physionomie prouvait qu’il était suffisamment instruit de l’événement intéressant qui les rassemblait. La présence du capitaine rappela à Lionel que l’heure avançait, et il se hâta de communiquer son plan à son ami.

Quelques minutes avant dix heures, Polwarth devait, dans un sleigh couvert, conduire les dames à la chapelle, qui n’était qu’à un jet de pierre de Tremont-Street, et où Lionel se trouverait prêt à les recevoir avec le prêtre. Renvoyant le capitaine à Meriton pour de plus amples informations, et sans lui laisser le temps d’exprimer l’étonnement que lui causait un plan si singulier, Lionel dit quelques mots tendres et encourageants à Cécile, regarda à sa montre, jeta son manteau sur ses épaules, prit son chapeau et partit.

Nous laisserons Polwarth s’efforcer de tirer de la joyeuse et latine Agnès la raison de tout ce mystère, et, pendant que Cécile