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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/392

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sans chercher à résister aux efforts réunis de son épouse et du vieillard.

— Restez ici, dit Ralph à Lincoln, et attendez que je vous appelle pour vous rendre à la liberté. Et toi, douce fleur d’innocence et d’amour, suis-moi, et partage l’honneur de délivrer celui qui t’a rendue esclave.

La force de ces expressions couvrit les joues de Cécile d’une rougeur virginale, mais elle baissa la tête en signe de soumission à ses volontés. S’avançant vers la porte, il lui fit signe de le suivre, indiquant en même temps à Lionel par un autre geste qu’il devait rester où il était. Lorsqu’il fut sorti de la chambre avec Cécile et qu’ils furent dans l’étroit vestibule de la maison, Ralph, au lieu de montrer aucune appréhension de la sentinelle qui y était en faction, s’approcha d’elle avec confiance et lui parla avec la familiarité d’un ami.

— Voyez, lui dit-il en abaissant le capuchon qui couvrait les traits pâles de Cécile, voyez comme la crainte qu’elle a conçue pour le destin de son mari a fait pleurer la pauvre enfant ! Elle va le quitter avec un des domestiques qui l’ont accompagnée, et l’autre restera pour servir son maître. Regardez-la ! Malgré sa tristesse, n’est-ce pas une compagne faite pour adoucir les dures épreuves de la vie d’un soldat ?

Ce ne fut pas sans un embarras mêlé de quelque gaucherie que la sentinelle jeta les yeux sur les charmes que Ralph présentait à son admiration avec si peu de cérémonie. Il était évident qu’il était sensible à l’éclat de sa beauté, car, quoiqu’il semblait oser à peine lever ses regards sur elle, il ne pouvait les en détacher. Pendant ce temps le vieillard était entré dans la chambre occupée par Meriton et l’étranger, et à peine Cécile s’était-elle voilé de nouveau le visage pour le dérober aux yeux du soldat, que Ralph reparut, suivi d’un homme couvert du surtout dont il a déjà été parlé. Malgré le grand chapeau qui lui couvrait le front et le changement étudié de sa marche, les yeux perçants d’une femme eurent bientôt découvert le déguisement de son mari, et, se rappelant en même temps la porte de communication qui existait entre les deux chambre, elle comprit sur-le-champ le stratagème qui avait été employé. Elle passa près de la sentinelle avec un empressement craintif, et se plaça à côté de Lionel d’un air qui aurait trahi son secret aux yeux d’un homme connaissant mieux