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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/270

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gie de la jeunesse, tempérée par l’expérience et la sagesse d’un vieillard.

Le bas-fond dans lequel le docteur avait été rencontré, et où il venait de laisser son âne, fut suivi pendant quelque distance jusqu’à ce qu’on arrivât à un endroit de la Prairie où les collines ondoyantes s’abaissaient graduellement, de manière à ne former qu’une vaste plaine unie qui était couverte à perte de vue de la même espèce d’herbe.

— Ah ! voici ce qu’il nous faut, dit le Trappeur lorsqu’il fut arrivé sur les bords de cette mer d’herbes desséchées ; je connais l’endroit, et j’y suis resté quelquefois caché des jours entiers, pendant que les sauvages chassaient le buffle en rase campagne. Il faut avancer avec beaucoup de précautions, car une piste trop large s’apercevrait aisément, et la curiosité indienne est un dangereux voisinage.

Il prit lui-même les devants, et choisit l’endroit où l’herbe était la plus élevée, et ressemblait assez à un lit de roseaux, tant elle était haute et épaisse ; il y entra le premier, engageant ses compagnons à suivre autant que possible l’empreinte des pieds de sa mouture. Lorsqu’ils eurent fait quelques centaines de pas dans ce vaste océan, il donna ses instructions à Paul et au capitaine, qui continuèrent à marcher dans la même direction ; il descendit de cheval, puis revint sur les traces jusqu’à l’entrée de la plaine ; pour relever l’herbe flétrie, et ne laisser, s’il se pouvait, aucun indice.

Pendant ce temps la petite troupe avançait toujours, non sans peine, et par conséquent à un pas très modéré. À un mille de distance elle trouva un lieu convenable ; chacun mit pied à terre, et l’on commença à faire les dispositions nécessaires pour passer le reste de la nuit. Le Trappeur ne tarda pas à les rejoindre, et il reprit de nouveau la direction des opérations.

En quelques minutes un espace suffisant fut dégarni de l’herbe qui le couvrait, et l’on prépara un peu à l’écart, pour Inez et pour Hélène, un lit qui pour la douceur aurait pu le disputer à un lit de plume. Les deux amies, après avoir fait quelque honneur aux provisions que Paul et le Trappeur avaient eu la précaution d’emporter, se mirent en devoir de goûter un repos dont elles avaient grand besoin ; et Paul et Middleton ne tardèrent pas à suivre leur exemple, laissant le Trappeur et le naturaliste encore assis autour d’un excellent morceau de bison qui avait été