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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/177

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lorsque leurs tourbillons enveloppaient les travailleurs, commençaient à rendre douteux que les efforts humains pussent jamais se rendre maîtres du fléau destructeur. Bientôt les poutres massives et humides commencèrent à fumer, et l’on pouvait à peine tenir la main un instant sur leur surface.

Pendant cet intervalle d’une cruelle incertitude, tous les planteurs postés près des ouvertures furent appelés pour éteindre le feu. La défense du fort fut oubliée pour un devoir plus pressant encore. Ruth elle-même fut distraite de son chagrin par ce nouveau danger, et tous les bras s’occupèrent avec ardeur d’un travail qui détournait l’attention d’incidents moins alarmants parce qu’ils menaçaient d’une destruction moins prochaine. On sait que l’habitude familiarise avec le péril. Les jeunes habitants des frontières négligèrent bientôt leur sûreté personnelle dans l’ardeur du travail ; et comme le succès commençait à couronner leurs efforts, un éclair de la gaieté qui les inspirait dans des moments plus heureux vint les distraire de leurs malheurs. Lorsqu’ils se furent aperçus qu’ils s’étaient rendus maîtres des flammes, et que le danger du moment était passé, ils jetèrent de longs et curieux regards dans un lieu qui jusqu’alors avait été regardé comme sacré, et réservé à l’usage secret du Puritain. La lumière brillait à travers les ouvertures des planches, non moins qu’à travers les fenêtres, et l’on pouvait examiner le contenu d’un appartement que chacun avait souvent désiré de connaître, mais où personne n’avait osé pénétrer.

— Le capitaine ne dédaignait pas les biens du corps, murmura Reuben Ring à ses camarades, tout en essuyant la sueur qui coulait de son front basané ; tu vois, Hiram, qu’il y a ici de quoi faire bonne chère.

— La laiterie n’est pas mieux approvisionnée, répondit Hiram avec la promptitude d’observation d’un habitant des frontières ; on sait qu’il ne boit jamais que du lait pur, et nous trouvons ici le meilleur que la laiterie de madame puisse fournir.

— Sans doute cette jaquette de buffle est semblable à celles de ces soldats qui sont venus à Wish-ton-Wish. Je pense qu’il y a bien longtemps que le capitaine n’est monté à cheval dans un semblable accoutrement.

— C’était peut-être autrefois son habitude, car tu vois qu’il conserve aussi ce morceau d’acier à la mode des soldats anglais. Il est probable qu’il fait de longues et pieuses réflexions sur les