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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/176

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temps en temps, il est vrai, une flèche paraissait à l’ouverture des meurtrières ; et une balle guidée par le hasard ou dirigée par un coup d’œil juste, pénétra dans une des étroites ouvertures, et aurait terminé l’histoire du brave Dudley, si sa tête, qu’elle effleura, n’eût été assez solide pour résister à un semblable choc. L’attention de la garnison se portait principalement sur l’imminence du danger causé par le feu qui environnait la forteresse. Bien que les circonstances affreuses dans lesquelles se trouvaient alors les planteurs eussent été prévues et leurs effets rendus infructueux par l’étendue de la cour et la construction de la forteresse, cependant il se trouva que le danger excédait tous les calculs qu’on avait pu faire.

La base de la citadelle ne devait laisser aucune crainte ; elle était en pierre, et assez épaisse pour défier tous les artifices que les sauvages auraient pu inventer. Les deux étages supérieurs eux-mêmes présentaient assez de sûreté, étant construits de masses si solides qu’ils offraient aussi de grands obstacles à la combustion ; mais le toit, semblable à ceux qu’on voit en Amérique de nos jours, avait été composé avec les planches inflammables du sapin. La hauteur de la tour était une faible protection ; mais comme le feu s’élevait au-dessus des bâtiments circonvoisins et décrivait en tourbillonnant de larges circuits, le toit fragile de la citadelle était souvent enveloppé de flammes : on peut prévoir les résultats. Content fut bientôt arraché à l’amertume de ses regrets par un cri qui passa de bouche en bouche, et qui lui annonça que le toit de la petite citadelle était embrasé. Un des puits de l’habitation était dans les fondements de l’édifice, et l’on n’avait négligé aucune des précautions nécessaires pour rendre son service utile dans de semblables circonstances. Un pilier creux en pierres solides s’élevait de l’appartement inférieur jusqu’aux autres étages. Profitant de cette heureuse précaution, les servantes tiraient les baquets avec promptitude, tandis que les jeunes gens jetaient l’eau sur le toit par les fenêtres de la tour. Ce dernier travail, comme on peut le prévoir, n’était pas accompli sans danger : des nuées de flèches étaient sans cesse dirigées contre les travailleurs, et plus d’un jeune homme reçut des blessures plus ou moins graves dans cette importante occupation.

Pendant quelques minutes les planteurs se demandèrent si leurs efforts et leurs dangers seraient couronnés de succès. La chaleur excessive que répandait l’incendie, et le contact des flammes