Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/180

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— Nous ne pouvons longtemps soutenir ces attaques, murmura le soldat. Il faut prendre promptement une décision, ou notre perte est certaine.

Il cessa de parler, car des hurlements qui parurent soulever la planche sur laquelle il était debout annoncèrent la destruction de la porte et l’entrée des sauvages dans les fondements de la tour. Les deux partis parurent un moment confondus de ce succès inespéré ; car, tandis que l’un restait muet d’étonnement et d’effroi, l’autre était surpris de son triomphe. Cette inaction cessa bientôt. Le combat recommença, mais les efforts des assaillants étaient dirigés par leur confiance dans la victoire, tandis que ceux des assiégés participaient de leur désespoir. On tira des coups de fusil de l’étage supérieur et des fondements de la citadelle à travers le plancher intermédiaire, mais l’épaisseur des planches empêcha les balles de faire aucun mal. Alors commença un combat dans lequel se montrèrent d’une manière caractéristique les qualités diverses des combattants. Tandis que les sauvages augmentaient leur avantage avec tout l’art connu dans leurs guerres, les jeunes planteurs résistaient avec cette aptitude étonnante à trouver des expédients et cette promptitude d’exécution qui distinguent l’Américain habitant des frontières.

La première tentative des assaillants fut de brûler le plafond de la chambre inférieure. Afin d’effectuer ce projet, ils amassèrent d’immenses monceaux de paille dans les fondements de la citadelle ; mais avant qu’ils eussent le temps de s’enflammer, l’eau qui tombait par torrents les avait pénétrés et noircis. Cependant la fumée était sur le point de terminer une lutte que le feu n’avait pu achever. Les nuages de vapeur qui montaient à travers les crevasses suffoquaient les travailleurs, et les femmes furent obligées de chercher un refuge au haut de la tour. Là les ouvertures pratiquées dans le toit et un courant d’air leur procurèrent quelque soulagement.

Lorsque les sauvages s’aperçurent que le puits procurait aux assiégés les moyens de protéger les ouvrages en bois de l’intérieur, ils essayèrent de leur couper la communication de l’eau en pratiquant une ouverture dans la masse circulaire par laquelle l’eau était amenée dans les appartements supérieurs. Cette tentative fut rendue vaine par la promptitude avec laquelle les planteurs percèrent dans le plancher des trous par lesquels ils envoyaient une mort certaine à leurs ennemis. Le combat n’avait peut-être pas