CHAPITRE XVII.
ous laissons à l’imagination de nos lecteurs le soin de remplir
un intervalle de plusieurs années. Avant de reprendre le fil de
notre récit, il sera nécessaire de jeter à la hâte un nouveau coup
d’œil sur la situation du pays qui était naguère la scène de notre
histoire.
Les efforts des habitants des provinces ne se bornaient plus aux premières tentatives d’une colonie qui commence à exister. Les établissements de la Nouvelle-Angleterre avaient supporté l’épreuve de l’expérience et étaient devenus permanents. Les Massachusetts composaient déjà une population nombreuse, et le Connecticut, colonie dont nous nous occupons plus immédiatement, était assez peuplé pour manifester déjà une partie de cet esprit entreprenant qui depuis a rendu si remarquable cette petite mais active communauté. Les résultats de ses efforts toujours croissants devenaient visibles, et nous nous efforcerons de mettre sous les yeux de nos lecteurs un de ces changements aussi distinctement que nous pourrons le faire.
On ne sait comment tracer le tableau de ce qu’on appelle en Amérique un nouvel établissement, comparé aux progrès de la société dans l’autre hémisphère. Dans cette dernière contrée, les arts ont été les fruits d’une intelligence qui s’est accrue peu à peu en raison des progrès de la civilisation, tandis que, dans nos colonies, toute amélioration est le résultat d’une expérience acquise ailleurs. La nécessité, aidée par le sentiment intime des besoins qu’on éprouve, excitée par un esprit louable d’émulation et encouragée par la liberté, donna naissance à ces changements heureux qui, avec une rapidité presque magique, ont fait d’un