Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

facile de changer la scène de cette histoire d’une manière aussi rapide et aussi satisfaisante que nous en aurions besoin pour la faire bien comprendre et pour en soutenir convenablement l’intérêt. Ce qui ne peut se faire à l’aide magique des machines doit donc être essayé par des moyens moins ambitieux, et, à ce que nous craignons, beaucoup moins efficaces.

À la même heure du jour, et assez près de l’endroit où Dudley annonça à son frère Ring la bonne fortune qui venait de lui arriver, une autre réunion eut lieu entre des personnes du même sang et ayant les mêmes liaisons. Dès l’instant que le crépuscule qui précède le jour se montra dans le ciel, les fenêtres et les portes de la grande maison située de l’autre côté de la vallée avaient été ouvertes, avant que le soleil eût doré le firmament au-dessus des bois du côté de l’orient. Cet exemple de prudence et d’industrie avait été imité par les habitants de toutes les maisons du village et de celles qui se trouvaient éparses sur les hauteurs voisines ; et lorsque son disque d’or s’éleva au-dessus des arbres, il ne restait pas dans tout l’établissement une seule créature humaine en bonne santé et d’un âge convenable qui ne fût sur ses pieds et en activité.

Il est inutile de dire que la maison que nous venons de désigner était alors l’habitation de Mark Heathcote. Quoique l’âge eût miné sa vigueur et presque tari en lui les sources de la vie, le vénérable Puritain vivait encore. Cependant, si ses facultés physiques avaient graduellement cédé à l’influence irrésistible du temps, l’homme moral n’avait guère changé. Il est même probable que ses visions de l’avenir étaient moins obscurcies par les brouillards de l’intérêt mondain que lorsque nous l’avons vu pour la dernière fois, et que son esprit avait gagné quelque portion de cette énergie qu’avaient certainement perdue les parties plus matérielles de son existence. À l’heure que nous avons déjà indiquée, le Puritain était assis sur la terrasse parallèle à la façade d’un bâtiment auquel manquaient les belles proportions de l’architecture, mais rien de ce qui peut contribuer aux agréments plus substantiels d’une demeure spacieuse et commode sur la frontière.

Pour avoir un portrait fidèle d’un homme qui a des rapports si intimes avec notre histoire, nos lecteurs se le représenteront comme parvenu à quatre-vingt-dix ans. On voyait sur son front les traces profondes de ses longues méditations ; il y avait encore