loin d’avoir les signes caractéristiques d’un guerrier du pays. Avant de les quitter, Reuben Ring leur avait expliqué que, tandis qu’il traversait les bois en faisant une de ces reconnaissances rendues nécessaires par l’état de la colonie et quelques signes récents qu’on avait remarqués, il avait rencontré cet homme, et qu’il l’avait arrêté, jugeant cette mesure indispensable pour la sureté de l’établissement. Celui-ci n’avait ni cherché Reuben, ni essayé de l’éviter ; mais quand le sergent lui avait demandé quelle était sa tribu, pourquoi il se trouvait sur ces montagnes, et quelles étaient ses intentions, il n’avait pu en tirer aucune réponse satisfaisante. À peine le prisonnier avait-il voulu parler, et le peu qu’il avait dit était en une espèce de jargon tenant le milieu entre la langue de celui qui questionnait et le dialecte de quelque tribu sauvage. Quoique l’état où se trouvaient alors les colonies, et les circonstances dans lesquelles il avait été rencontré, justifiassent sa détention, le fait était qu’on n’avait pu arriver à la découverte de ce qu’il était réellement et des motifs qui l’avaient amené dans le voisinage immédiat de cette vallée. Guidés uniquement par des renseignements si faibles, Dudley et son compagnon, tout en marchant vers le village, cherchèrent à tirer de leur prisonnier quelque aveu de ses intentions, en lui faisant des questions avec une adresse que possèdent assez ordinairement les hommes qui se trouvent dans les lieux écartés et dans des situations difficiles où le danger et la nécessité éveillent toute l’énergie naturelle de l’esprit humain. Ses réponses étaient décousues et inintelligibles ; et elles semblaient indiquer tantôt la subtilité la plus fine de l’astuce des sauvages, tantôt l’imbécillité de l’idiotisme le plus abject.
CHAPITRE XIX.
i la plume d’un compilateur, comme celle que nous tenons en
main, avait les ressources mécaniques du théâtre, il nous serait