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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/96

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avaient entre eux une intéressante conférence. Lorsqu’elle fut terminée, le premier se dirigea vers l’appartement où l’on savait que Mark Heathcote passait une partie du temps qu’il ne consacrait pas au secret de ses pratiques de piété ou à surveiller les travailleurs dans les champs. En employant une circonlocution qui devait, selon lui, cacher son véritable motif, l’agent du roi annonça ainsi son intention de partir cette nuit :

— Comme un homme qui a acquis une grande expérience dans le métier des armes, je me suis fait un devoir de rester dans ta demeure tant que les sauvages te menaçaient d’une attaque. Ce serait mal à des soldats de faire parade de leur bravoure ; mais si l’alarme avait eu réellement lien, tu me croiras lorsque je t’assurerai que la forteresse aurait été vaillamment défendue. Je ferai mon rapport à ceux qui m’ont envoyé. Mark Heathcote, Charles a en toi un sujet loyal, et la constitution un ferme appui. Des soupçons, des renseignements qui se trouvent faux nous ont conduits jusqu’ici ; ils seront contredits, et sans doute on trouvera qu’on a été induit en erreur. Si l’occasion se présente de parler de la dernière alarme, je suis sûr que mes compagnons ne la laisseront point échapper sans faire tous leurs efforts pour te rendre service.

— L’esprit humble se fait un devoir de ne jamais parler mal de ses frères et de ne point cacher le bien, répondit le Puritain réservé. Si tu as trouvé ton séjour dans ma demeure suivant tes désirs, tu es le bienvenu ; et si ton devoir et ton désir t’engagent à la quitter, que la paix soit avec toi. Il est utile que tu t’unisses à nous pour demander que ton passage à travers le désert soit sans danger, que celui qui veille sur toutes ses créatures te prenne sous sa garde spéciale, et que le sauvage paient…

— Penses-tu que les sauvages soient hors de leur village ? demanda l’étranger avec une promptitude impolie qui interrompit l’énumération des bénédictions et des dangers que son hôte jugeait à propos d’introduire dans la prière d’adieu.

— Puisque-tu es resté ici pour nous aider à nous défendre, tu ne peux pas douter que tes services auraient pu nous être utiles, répondit Mark sèchement.

— Je voudrais que le prince des ténèbres te tînt dans ses griffes ainsi que les autres diables de ces bois, murmura l’étranger entre ses dents. — Et alors, poussé par un esprit qui ne pouvait se vaincre longtemps, il reprit une partie de sa légèreté naturelle,