Aller au contenu

Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Buvaient et tapageaient. Rien n’est lugubre comme
La débauche mesquine et le vice économe.
Sur les tréteaux, pourtant, c’était encore pis.
Oh ! la stupidité de ces couplets glapis !
Oh ! ces maigres cabots râpés ! ― C’était trop triste.
J’allais fuir, quand parut une nouvelle « artiste » ;
Et le murmure heureux qui d’abord s’éleva
M’apprit que je voyais l’étoile, la diva,
Par tous ces bas viveurs, à coup sûr, convoitée :
Une assez belle fille, oui, mais très effrontée,
Montrant toute sa gorge et l’offrant au public.
Quand elle eut salué, ce fut un cri : « Très chic !
Bravo ! Très chic ! Encore ! » Et la femelle experte,
Par le geste indécent de sa poitrine offerte,
Fit hennir de nouveau le parterre exultant.

Ce spectacle, à la fin, devenait révoltant.
Un bon lit m’attendait à l’Hôtel du Commerce,
Et je sortis. Mais, l’eau tombant toujours à verse,
Je dus m’asseoir encor dans le café désert,
Qu’il fallait traverser pour aller au concert ;
Et là, tout en buvant une bière exécrable,
Je vis une fillette à l’aspect misérable,
Qui tenait sur ses bras un enfant nouveau-né.
A cette heure ! en ce lieu ! J’étais fort étonné,