Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/151

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Pourtant, l’être chétif qui naît, s’agite et passe,
Ce rien dans la durée et ce rien dans l’espace,
Jeté comme une plume à l’onde des torrents,
Peut resplendir, s’il est marqué par le génie,
Dans l’avenir lointain, d’une gloire infinie ;
Et l’homme et le siècle sont grands.

Au lever radieux de l’âge dont nous sommes,
Ce fut l’explosion des esprits et des hommes,
— Quelle aurore emplissant de clartés tout l’azur ! ―
Et dans le groupe élu qu’un signe prédestine,
Ton front sous le laurier se dresse, ô Lamartine,
L’un des plus hauts et le plus pur.

Après tant d’échafauds, après tant de batailles,
Quand la France saignait encor par mille entailles,
Tout à coup une voix suave s’entendait.
Sur la lyre oubliée et si longtemps muette,
Tu préludais… Enfin ! C’était un vrai poète !
C’était une âme qui chantait !

De l’art ? Non. Plus et mieux. C’était le don suprême
Et l’inspiration prise à sa source même ;
Le vers pur, chaste, noble, harmonieux toujours,