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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/85

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Ce fut tragique alors. Muet, la gorge ouverte,
Fuyant le doux soleil, la côte toujours verte,
La plage où le flot bleu s’endort,
Le pays où le mal cède ou du moins s’allège,
Tu revins, à travers la tempête de neige,
Dans ta capitale du Nord.

Tu ne pouvais parler, fils et père de princes,
Car le cancer serrait ta gorge dans ses pinces ;
Mais, de son étreinte vainqueur,
Tu traças le mot : « Paix ! » d’une plume énergique.
Et tu nous as crié la parole magique
Par ta blessure et par ton cœur !

Un homme ne ment pas sur le seuil de la tombe,
Et l’aigle agonisant, bien plus que la colombe,
Est noble en offrant l’olivier.
Nous t’avons cru. La paix, c’est l’aube qui se lève.
Et, poète de France, alors j’ai fait ce rêve,
Et je veux te le confier.

Je te rêvais disant : « Moi qui ne dois pas vivre,
Je veux mettre un feuillet, Histoire, dans ton livre,
Comme tu n’en as point de tel.