Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/86

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Oui, je ne veux donner qu’un ordre, mais qui fonde,
Pour très longtemps, la paix et le bonheur du monde.
Je meurs. Je veux être immortel.

« Car l’Allemagne est folle, et la France insensée.
Leur science, leur or, leur travail, leur pensée,
Tout est pris par l’œuvre de sang.
Demain nous pouvons voir, et dans l’Europe entière,
Pour un coup de fusil tiré sur la frontière,
L’état sauvage renaissant.

« Eh bien ! moi, je prétends l’empêcher de renaître.
Je suis encor le Roi, l’Empereur et le Maître ;
Mes ordres sont exécutés.
Déchirons le traité d’où sortent tant d’alarmes.
Restituons Strasbourg et Metz. Puis, bas les armes !
Bas les armes des deux côtés !

« Allemands, laissons là notre triste conquête.
C’est une plaie au flanc que nous nous sommes faite ;
Elle va bientôt se rouvrir.
A nos altiers voisins offrons la paix sincère.
Car je plains mon pays que dévore un ulcère ;
Mais lui du moins peut se guérir.