Aller au contenu

Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


« L’odeur des grands charniers crispe encor ma narine.
Que le dernier soupir sorti de ma poitrine
Soit un cri de paix et d’amour,
Et que les pièces Krupp, par mes mains abattues,
Plus tard, n’aient pas assez d’airain pour les statues
Du Roi qui n’a régné qu’un jour ! »

Je t’écoutais, ravi… Mais ce n’était qu’un songe.
Tu n’es qu’un moribond, qu’un mal horrible ronge
Et qui s’éteint dans les tourments.
Tu n’as pas déchiré le vieux pacte de haine,
Hélas ! et nos amis d’Alsace et de Lorraine
Restent pour toujours Allemands.

Pour toujours ? Non, peut-être… A bientôt, la bataille !
Bondez les arsenaux ! Qu’on s’arme ! Qu’on travaille !
Forgez le fer, soufflez le feu !
Çà, gens des deux pays, voyons où nous en sommes.
Quoi ! nous n’alignerions que cinq millions d’hommes ?
Mais c’est trop peu, beaucoup trop peu !

L’obus d’hier n’atteint qu’à douze kilomètres.
A la fonte ! Il nous faut d’autres canons, mes maîtres ;
Ceux-ci sont trop lourds et trop vieux.