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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/242

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Les volailles, reconnaissant leur domicile, entrèrent dans la cour de la laiterie, et la petite se disposait à les suivre, quand le capitaine l’arrêta par cette question :

«  Eh fillette, comment t’appelles-tu ?

— Pierrette, monsieur, pour vous servir, répondit-elle en fixant sur lui ses grands yeux noirs, et en écartant de son front sa chevelure en désordre.

— Tu es donc de la maison ? je ne t’avais pas encore vue.

— Oui-da, et je vous connais bien, allez ! Car je couche sous l’escalier, et vous me réveillez, en rentrant, tous les soirs.

— Vraiment, petiote ? Eh bien, on marchera sur ses pointes, à l’avenir. Et quel âge as-tu ?

— Neuf ans, monsieur, vienne la Toussaint.

— La patronne d’ici est-elle ta par-ente ?

— Non, monsieur, je suis en service.

— On te donne ?...

— La soupe et le lit sous l’escalier.

— Et qu’est-ce qui t’a arrangée comme cela ma pauvre petite ?

— Un coup de pied de vache, quand j’avais cinq ans.

— As-tu ton père et ta mère ? »