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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/40

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venir de loin, roulant ses deux gros yeux rouges. « Monsieur Gabriel, dit alors M""’ Henry avec sa crânerie habituelle, je suis sûre que vous voudrez savoir si ma petite Eugénie est remise de son émotion... Eh bien, Je demeure faubourg Saint-Jacques, 17. Vous serez toujours le bienvenu. »

Gabriel, ébloui de cette invitation inespérée, allait répondre ; mais l’omnibus était là tout proche et M""’ Henry venait de faire signe au cocher. Elle tendit la main au jeune homme :

« A bientôt, n’est-ce pas ? »

Gabriel lui donna sa main, qu’elle secoua comme un camarade. Il allait peut-être se décider à présenter aussi la main à Eugénie, quand celle-ci, avec un dernier regard et un gracieux salut de la tête, lui dit vivement :

«Adieu, monsieur, et encore merci ! » et s’élança à la suite de son amie.

Gabriel les vit entrer dans l’omnibus, qui s’ébranla de nouveau. Il entendit le conducteur sonner les deux coups et resta là, immobile, regardant la lourde voiture descendre la pente raide et disparaître enfin au tournant de la rue.

Il revint chez lui à pied, marchant très vite. Il était plein d’une étrange exaltation. Il se rappelait