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Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/50

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pouvois, conſéquemment, le voir que de profil ; mais ce profil étoit ſi reſſemblant, que mes yeux ne pouvoient s’en détacher. Enfin je demande tout bas à M. Deleſſert s’il n’y trouve pas beaucoup de reſſemblance. Elle eſt telle à mes yeux, me dit-il, qu’il me fait peur, & que je ſuis tenté de croire que c’eſt Rouſſeau lui-même qui ſe ſera fait enterrer pour venir enſuite écouter ce qu’on dit de lui. Il ne le croyoit pas, ſans doute, puiſqu’il étoit d’ailleurs plus grand, & qu’à l’examen il y avoit des différences ſenſibles dans la figure ; mais ce premier mouvement prouve que l’expreſſion des yeux & de ce qu’on appelle phyſionomie, étoit abſolument la même, & c’eſt cette eſpèce de reſſemblance qui ſeule en mérite le nom.

Cet homme reſta quelque temps à Paris & repartit pour la Perſe, chargé d’une miſſion de la part du gouvernement. Il étoit, avec ſa femme, dans une voiture à quatre roues, traînée par ſix chevaux de poſte. Parvenu à la forêt de Fontainebleau, en plein jour, il ſe met à la portière, & crie au poſtillon d’arrêter. Le poſtillon, étourdi probablement par le bruit des roues ſur le pavé & des pieds de ſes ſix chevaux, n’entend point & continue ſa route. Alors Rouſſeau s’adreſſe aux paſſans, qui font