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Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/61

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une position pareille à la nôtre. Réduits à vivre abſolument ſeuls, & néanmoins hors d’état de nous paſſer du ſervice d’autrui, il ne nous reſte, dans les infirmités & l’abandon, qu’un ſeul moyen de ſoutenir nos vieux jours : c’eſt de trouver quelqu’aſile où nous puiſſions ſubſiſter à nos frais, mais exempts d’un travail qui déſormais paſſe nos forces, & de détails & de ſoins dont nous ne ſommes plus capables. Du reſte, de quelque façon qu’on me traite, qu’on me tienne en clôture formelle ou en apparente liberté, dans un hôpital ou dans un déſert, avec des gens doux ou durs, faux ou francs (ſi de ceux-ci il en eſt encore), je conſens à tout, pourvu qu’on rende à ma femme les ſoins que ſon état exige, & qu’on me donne le couvert, le vêtement le plus ſimple & la nourriture la plus ſobre jusqu’à la fin de mes jours, ſans que je ne ſois plus obligé de me mêler de rien. Nous donnerons pour cela ce que nous pouvons avoir d’argent, d’effets & de rentes, & j’ai lieu d’eſpérer que cela pourra ſuffire dans les provinces où les denrées ſont à bon marché, & dans des maiſons deſtinées à cet usage, où les reſſources de l’économie ſont connues & pratiquées, ſur-tout, en me ſoumettant, comme