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Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/64

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Payen. Il en parut étonné & choqué. Il nia le fait avec chaleur, & nous recommanda, avec la même chaleur, de ne pas le propager. Il m’offrit de voir le corps : ne ſachant pas qu’elle ſeroit ma réponſe, il me prévint qu’étant à la garde-robe, Rouſſeau s’étoit laiſſé tomber, & qu’il s’étoit fait un trou au front. Je refuſai, & par égard pour ma ſenſibilité & par l’inutilité de ce ſpectacle, quelqu’indice qu’il dût me préſenter. L’inhumation eut lieu le soir même par le plus beau clair de lune, & le temps le plus calme. Le lecteur peut ſe figurer qu’elles furent mes ſenſations en paſſant dans l’île avec le corps.

Le lieu, le clair de lune, le calme de l’air, l’homme, le rapprochement des actes de ſa vie, une deſtinée aussi extraordinaire, le réſultat qui nous attend tous ; mais ſur quoi ma penſée s’arrêta le plus long-temps & avec le plus de complaiſance, c’eſt qu’enfin le malheureux Rouſſeau jouiſſoit d’un repos, bien acheté à la vérité, mais qu’il étoit impoſſible d’eſpérer pour lui tant qu’il auroit vécu.

Toujours accompagné de M. Girardin, que ſon urbanité empêchoit de me quitter, il me fut impoſſible de cauſer ſoit avec les gens