Leur rage, pour l’abattre, attaque mon soutien,
Et par votre trépas cherche un passage au mien.
Mais parmi ces transports d’une juste colère,
Je ne puis oublier que leur chef est mon frère.
Le saurez-vous, Seigneur ? Et pourrai-je obtenir
Que ce cœur irrité daigne s’en souvenir ?
Oui, je me souviendrai que ce cœur magnanime
Au bonheur de son sang veut pardonner son crime.
Adieu, ne craignez rien : Achillas et Photin
Ne sont pas gens à vaincre un si puissant destin.
Pour les mettre en déroute, eux et tous leurs complices,
Je n’ai qu’à déployer l’appareil des supplices,
Et pour soldats choisis, envoyer des bourreaux
Qui portent hautement mes haches pour drapeaux.
Repousser avec lui ma mort qu’on a jurée ;
Et quand il punira nos lâches ennemis,
Faites-le souvenir de ce qu’il m’a promis.
Ayez l’œil sur le Roi dans la chaleur des armes,
Et conservez son sang pour épargner mes larmes.
Madame, assurez-vous qu’il ne peut y périr,
Si mon zèle et mes soins peuvent le secourir[1].
- ↑ Var. Si mon zèle et mes soins le peuvent secourir. (1644-56)