Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/110

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Il vous proclame reine ; et bien qu’aucun Romain[1]
1660Du sang que vous pleurez n’ait vu rougir sa main,
Il nous fait voir à tous un déplaisir extrême,
Il soupire, il gémit. Mais le voici lui-même,
Qui pourra mieux que moi vous montrer la douleur[2]
Que lui donne du Roi l’invincible malheur.


Scène IV.

CÉSAR, CORNÉLIE, CLÉOPATRE, ANTOINE,
LÉPIDE, ACHORÉE, CHARMION, PHILIPPE.
CORNÉLIE.

1665César, tiens-moi parole, et me rends mes galères.
Achillas et Photin ont reçu leurs salaires ;
Leur roi n’a pu jouir de ton cœur adouci ;
Et Pompée est vengé ce qu’il peut l’être ici.
Je n’y saurois plus voir qu’un funeste rivage[3]
1670Qui de leur attentat m’offre l’horrible image,
Ta nouvelle victoire, et le bruit éclatant
Qu’aux changements de roi pousse un peuple inconstant[4] ;
Et parmi ces objets, ce qui le plus m’afflige[5],
C’est d’y revoir toujours l’ennemi qui m’oblige.
1675Laisse-moi m’affranchir de cette indignité,
Et souffre que ma haine agisse en liberté.
À cet empressement j’ajoute une requête :
Vois l’urne de Pompée ; il y manque sa tête :

  1. Var. Il vous proclame reine ; et quoique ses Romains
    Au sang que vous pleurez n’aient point trempé leurs mains,
    Il montre toutefois un déplaisir extrême. (1644-56)
  2. Var. Qui pourra mieux que moi vous dire la douleur. (1644-56)
  3. Var. Je n’y puis plus rien voir qu’un funeste rivage. (1644-56)
  4. Var. Qu’aux changements du Roi pousse un peuple inconstant. (1652-56)
  5. Var. Et de tous les objets celui qui plus m’afflige,
    J’y vois toujours en toi l’ennemi qui m’oblige. (1644-56).