Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/124

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exécuté ; ensuite de quoi sa femme, son fils et ceux qui suivoient son parti se retirèrent avec exécration contre le tyran et toute l’Égypte. Ce sujet est amplement traité par Plutarque, en la Vie de Pompée, et par Florus, historien romain ; par Suétone, et encore plus au long dans les œuvres de Lucain, poëte romain. Les circonstances sont de l’invention de l’auteur, dont il a enrichi un si noble sujet pour ne le mettre point au jour sans les ornements dus à son mérite.


ANALYSE
PAR LES FRÈRES PARFAIT[1].

Nous n’entrerons dans le détail de cette pièce que pour faire voir « les circonstances de l’invention de l’auteur… »

Après la perte de la bataille de Pharsale, Pompée se réfugie en Égypte, accompagné de Cornélie, de Sexte et de deux sénateurs. Il est reçu avec distinction par Parthénie, veuve du dernier roi, et par Cléopatre, sa fille, qui devient aussitôt amoureuse du fils de Pompée…

CLÉOPATRE.

…Lis sur ce visage, et ma mort, et sa cause.

CHARMION.

Qui vit jamais la mort peinte en telle couleur ?

CLÉOPATRE.

Comme dedans la glace, on meurt dans la chaleur.

CHARMION.

Le moyen d’amortir le feu qui vous dévore ?

CLÉOPATRE.

Allume-le plutôt, c’est un feu que j’adore.

CHARMION.

Je l’entends à peu près.

Elle promet de s’employer. Sexte est tenté de faire une infidélité à Léonie, sa première maîtresse ; cette dernière, qui s’est travestie en cavalier, conduite par sa jalousie, vient trouver son amant et lui fait mettre l’épée à la main. Cléopatre interrompt un si brusque entretien ; mais ne pouvant rien gagner sur le cœur de Sexte, qui se pique de constance, elle ne s’oppose plus à la perte de Pompée, et ordonne à Théodote d’y concourir. Pendant ce temps-là, Pompée, agité par un songe affreux, vient le raconter à sa femme. Elle achève de l’ef-

  1. Histoire du Théâtre françois, tome V, p. 441-445.