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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/137

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va voir, et, chose encore plus importante pour nous, jusqu’au nom même de celui qui représentait Cliton :

On y voit un Dorante avec votre visage :
On le prendroit pour vous ; il a votre air, votre âge,
Vos yeux, votre action, votre maigre embonpoint,
Et paroît, comme vous, adroit au dernier point.
Comme à l’événement j’ai part à la peinture :
Après votre portrait on produit ma figure.
Le héros de la farce, un certain Jodelet,
Fait marcher après vous votre digne valet ;
Il a jusqu’à mon nez et jusqu’à ma parole,
Et nous avons tous deux appris en même école[1].

Déjà, dans une scène précédente de la Suite du Menteur[2], il avait été question de la voix et du nez du Jodelet :

CLITON.

Ce front ?

LYSE.

Ce front ?Est un peu creux.

CLITON.

Ce front ?Est un peu creux.Cette tête ?

LYSE.

Ce front ?Est un peu creux.Cette tête ?Un peu folle.

CLITON.

Ce ton de voix enfin avec cette parole ?

LYSE.

Ah ! c’est là que mes sens demeurent étonnés :
Le ton de voix est rare, aussi bien que le nez.

Ces plaisanteries revenaient du reste presque inévitablement dans toutes les pièces où jouait cet acteur[3].

  1. Acte I, scène iii, vers 275-284.
  2. Acte I, scène ii, vers 215-218.
  3. Dans Jodelet ou le Maître valet*, quand don Juan apprend qu’au lieu de son portrait, Isabelle a reçu celui de Jodelet, il s’écrie :


    Et qu’aura-t-elle dit de ta face cornue ?
    Chien, qu’aura-t-elle dit de ton nez de blaireau ?
    Infâme.

    JODELET.

    Infâme.Elle aura dit que vous n’êtes pas beau,