Vous seriez un grand maître à faire des romans ;
Ayant si bien en main le festin et la guerre,
Vos gens en moins de rien courroient toute la terre :
Et ce seroit pour vous des travaux fort légers
Que d’y mêler partout la pompe et les dangers[1].
Ces hautes fictions vous sont bien naturelles.
J’aime à braver ainsi les conteurs de nouvelles ;
Et sitôt que j’en vois quelqu’un s’imaginer
Que ce qu’il veut m’apprendre a de quoi m’étonner,
Je le sers aussitôt d’un conte imaginaire,
Qui l’étonne lui-même, et le force à se taire.
Si tu pouvois savoir quel plaisir on a lors
De leur faire rentrer leurs nouvelles au corps…
Je le juge assez grand ; mais enfin ces pratiques
Vous peuvent engager en de fâcheux intriques[2].
Nous nous en tirerons ; mais tous ces vains discours[3]
M’empêchent de chercher l’objet de mes amours :
Tâchons de le rejoindre, et sache qu’à me suivre
Je t’apprendrai bientôt d’autres façons de vivre.
- ↑ Var. De faire voir partout la pompe et les dangers. (1644-56)
Var. Que de mêler partout la pompe et les dangers. (1660) - ↑ Intrigues, voyez le Lexique. — À ce vers Thomas Corneille, dans l’édition de 1692, a substitué celui-ci :
Vous couvriront de honte en devenant publiques. - ↑ Var. Nous les démêlerons ; mais tous ces vains discours. (1644-56)
— Dans l’édition de 1692, ce vers a été ainsi modifié :
N’en prends point de souci ; mais tous ces vains discours.