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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/187

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DORANTE.

575Honnête, belle, riche.Ah ! pour la bien choisir,
Mon père, donnez-vous un peu plus de loisir.

GÉRONTE.

Je la connois assez : Clarice est belle et sage
Autant que dans Paris il en soit de son âge ;
Son père de tout temps est mon plus grand ami,
Et l’affaire est conclue.

DORANTE.

580Et l’affaire est conclue.Ah ! Monsieur, j’en frémi[1] :
D’un fardeau si pesant accabler ma jeunesse !

GÉRONTE.

Fais ce que je t’ordonne.

DORANTE.

Fais ce que je t’ordonne.Il faut jouer d’adresse.
Quoi ? Monsieur, à présent qu’il faut dans les combats
Acquérir quelque nom, et signaler mon bras…

GÉRONTE.

585Avant qu’être au hasard qu’un autre bras t’immole,
Je veux dans ma maison avoir qui m’en console ;
Je veux qu’un petit-fils puisse y tenir ton rang[2],
Soutenir ma vieillesse, et réparer mon sang :
En un mot, je le veux.

DORANTE.

En un mot, je le veux.Vous êtes inflexible !

GÉRONTE.

Fais ce que je te dis.

DORANTE.

590Fais ce que je te dis.Mais s’il est impossible[3] ?

GÉRONTE.

Impossible ! et comment ?

  1. Var. Et l’affaire est conclue.Ah ! Monsieur, je frémi. (1644-64)
  2. Var. Je veux qu’un petit-fils puisse tenir ton rang. (1644-64)
  3. Var. Fais ce que je te dis.Mais s’il m’est impossible (a) ? (1644-63)

    (a) L’édition de 1682 porte, par erreur : « Mais il est impossible ? »