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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/186

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Semble d’un vieux fossé par miracle sortie,
Et nous fait présumer, à ses superbes toits,
Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois.
565Mais changeons de discours. Tu sais combien je t’aime ?

DORANTE.

Je chéris cet honneur bien plus que le jour même.

GÉRONTE.

Comme de mon hymen il n’est sorti que toi,
Et que je te vois prendre un périlleux emploi,
Où l’ardeur pour la gloire à tout oser convie[1],
570Et force à tout moment de négliger la vie,
Avant qu’aucun malheur te puisse être avenu,
Pour te faire marcher un peu plus retenu,
Je te veux marier.

DORANTE, à part.

Je te veux marier.Oh ! ma chère Lucrèce !

GÉRONTE.

Je t’ai voulu choisir moi-même une maîtresse,
Honnête, belle, riche[2].

    qu’il ne convenait pas que le Roi habitât une maison qui portait le nom d’un de ses sujets ; la Reine ordonna d’ôter l’inscription. « On commença dès lors à donner à ce palais le nom de Palais-Royal, qu’il a toujours retenu depuis, quoique la même reine régente, à la prière de la duchesse d’Aiguillon, eût fait remettre l’inscription de palais Cardinal, qu’on y voit encore aujourd’hui, » dit en 1742, dans sa Description de Paris (tome II, p. 220), Piganiol de la Force, qui nous a fourni les détails qui précèdent. — « Ce quartier (où est le Palais-Royal), qui est à présent un des plus peuplés de Paris, n’était, dit Voltaire, que des prairies entourées de fossés, lorsque le cardinal de Richelieu y fit bâtir son palais. Quoique les embellissements de Paris n’aient commencé à se multiplier que vers le milieu du siècle de Louis XIV, cependant la simple architecture du palais Cardinal ne devait pas paraître si superbe aux Parisiens, qui avaient déjà le Louvre et le Luxembourg. Il n’est pas surprenant que Corneille dans ces vers cherchât à louer indirectement le cardinal de Richelieu, qui protégea beaucoup cette pièce, et même donna des habits à quelques acteurs (voyez ci-dessus, p. 126). Il était mourant alors, en 1642, et il cherchait à se dissiper par ces amusements. »

  1. Var. Où la chaleur de l’âge et l’honneur te convie
    D’exposer à tous coups et ton sang et ta vie. (1644-56)
  2. Var. Honnête, belle et riche. (1644-56)