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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/209

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1030Vous aviez une sœur qui s’appeloit Julie.
Vous connois-je à présent ? dites encor que non.

CLARICE, à Lucrèce.

Cousine, il te connoît, et t’en veut tout de bon.

LUCRÈCE, en elle-même.

Plût à Dieu !

CLARICE, à Lucrèce.

Plût à Dieu !Découvrons le fond de l’artifice.

(À Dorante.)

J’avois voulu tantôt vous parler de Clarice,
1035Quelqu’un de vos amis m’en est venu prier.
Dites-moi, seriez-vous pour elle à marier ?

DORANTE.

Par cette question n’éprouvez plus ma flamme.
Je vous ai trop fait voir jusqu’au fond de mon âme,
Et vous ne pouvez plus désormais ignorer
1040Que j’ai feint cet hymen afin de m’en parer.
Je n’ai ni feux ni vœux que pour votre service,
Et ne puis plus avoir que mépris pour Clarice.

CLARICE.

Vous êtes, à vrai dire, un peu bien dégoûté :
Clarice est de maison, et n’est pas sans beauté ;
1045Si Lucrèce à vos yeux paroît un peu plus belle,
De bien mieux faits que vous se contenteroient d’elle.

DORANTE.

Oui, mais un grand défaut ternit tous ses appas.

CLARICE.

Quel est-il, ce défaut ?

DORANTE.

Quel est-il, ce défaut ?Elle ne me plaît pas ;
Et plutôt que l’hymen avec elle me lie,
1050Je serai marié, si l’on veut, en Turquie.