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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/210

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CLARICE.

Aujourd’hui cependant on m’a dit qu’en plein jour
Vous lui serriez la main, et lui parliez d’amour.

DORANTE.

Quelqu’un auprès de vous m’a fait cette imposture.

CLARICE, à Lucrèce.

Écoutez l’imposteur ; c’est hasard s’il n’en jure.

DORANTE.

Que du ciel…

CLARICE, à Lucrèce.

Que du ciel…L’ai-je dit ?

DORANTE.

1055Que du ciel…L’ai-je dit ?J’éprouve le courroux
Si j’ai parlé, Lucrèce, à personne qu’à vous !

CLARICE.

Je ne puis plus souffrir une telle impudence,
Après ce que j’ai vu moi-même en ma présence :
Vous couchez d’imposture[1], et vous osez jurer,
1060Comme si je pouvois vous croire, ou l’endurer !
Adieu : retirez-vous, et croyez, je vous prie,
Que souvent je m’égaye ainsi par raillerie,
Et que, pour me donner des passe-temps si doux,
J’ai donné cette baye à bien d’autres qu’à vous.


Scène VI.

DORANTE, CLITON.
CLITON.

1065Eh bien ! vous le voyez, l’histoire est découverte.

DORANTE.

Ah ! Cliton, je me trouve à deux doigts de ma perte.

  1. C’est-à-dire : Vous payez d’imposture. Voyez le Lexique.