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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/211

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CLITON.

Vous en avez sans doute un plus heureux succès,
Et vous avez gagné chez elle un grand accès ;
Mais je suis ce fâcheux qui nuis par ma présence,
1070Et vous fais sous ces mots être d’intelligence[1].

DORANTE.

Peut-être. Qu’en crois-tu ?

CLITON.

Peut-être. Qu’en crois-tu ?Le peut-être est gaillard.

DORANTE.

Penses-tu qu’après tout j’en quitte encor ma part,
Et tienne tout perdu pour un peu de traverse[2] ?

CLITON.

Si jamais cette part tomboit dans le commerce,
1075Et qu’il vous vînt marchand pour ce trésor caché,
Je vous conseillerois d’en faire bon marché.

DORANTE.

Mais pourquoi si peu croire un feu si véritable ?

CLITON.

À chaque bout de champ vous mentez comme un diable.

DORANTE.

Je disois vérité.

CLITON.

Je disois vérité.Quand un menteur la dit,
1080En passant par sa bouche, elle perd son crédit[3].

DORANTE.

Il faut donc essayer si par quelque autre bouche

  1. Voyez ci-dessus les vers 349 et 350, et la Notice, p. 122.
  2. Var. [CLIT. Si jamais cette part tomboit dans le commerce,]
    Quelque espoir dont l’appas vous endorme ou vous berce,
    Si vous trouviez marchand pour ce trésor caché. (1644-56)
  3. « Voilà deux vers qui sont passés en proverbe. » (Voltaire.) — Ils sont imités de l’espagnol. Voyez l’Appendice, p. 259.