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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/214

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Avec un tel secret leur langue se dénoue :
Ils parlent, et souvent on les daigne écouter.
À tel prix que ce soit, il m’en faut acheter[1].
Si celle-ci venoit qui m’a rendu sa lettre,
1110Après ce qu’elle a fait j’ose tout m’en promettre ;
Et ce sera hasard, si, sans beaucoup d’effort,
Je ne trouve moyen de lui payer le port.

CLITON.

Certes, vous dites vrai, j’en juge par moi-même :
Ce n’est point mon humeur de refuser qui m’aime ;
1115Et comme c’est m’aimer que me faire présent,
Je suis toujours alors d’un esprit complaisant.

DORANTE.

Il est beaucoup d’humeurs pareilles à la tienne.

CLITON.

Mais, Monsieur, attendant que Sabine survienne,
Et que sur son esprit vos dons fassent vertu,
1120Il court quelque bruit sourd qu’Alcippe s’est battu.

DORANTE.

Contre qui ?

CLITON.

contre qui ?L’on ne sait ; mais ce confus murmure[2]
D’un air pareil au vôtre à peu près le figure ;
Et si de tout le jour je vous avois quitté,
Je vous soupçonnerois de cette nouveauté.

DORANTE.

1125Tu ne me quittas point pour entrer chez Lucrèce ?

CLITON.

Ah ! Monsieur, m’auriez-vous joué ce tour d’adresse ?

DORANTE.

Nous nous battîmes hier, et j’avois fait serment

  1. Var. À quelque prix qu’ils soient, il m’en faut acheter. (1644-56)
  2. Var. contre qui ?L’on ne sait ; mais dedans ce murmure,
    À peu près comme vous je vois qu’on le figure. (1644-56)