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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/215

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De ne parler jamais de cet événement ;
Mais à toi, de mon cœur l’unique secrétaire,
1130À toi, de mes secrets le grand dépositaire,
Je ne cèlerai rien, puisque je l’ai promis.
Depuis cinq ou six mois nous étions ennemis :
Il passa par Poitiers, où nous prîmes querelle ;
Et comme on nous fit lors une paix telle quelle,
1135Nous sûmes l’un à l’autre en secret protester
Qu’à la première vue il en faudroit tâter.
Hier nous nous rencontrons ; cette ardeur se réveille,
Fait de notre embrassade un appel à l’oreille ;
Je me défais de toi, j’y cours, je le rejoins,
1140Nous vidons sur le pré l’affaire sans témoins ;
Et le perçant à jour de deux coups d’estocade
Je le mets hors d’état d’être jamais malade :
Il tombe dans son sang.

CLITON.

Il tombe dans son sang.À ce compte il est mort ?

DORANTE.

Je le laissai pour tel.

CLITON.

Je le laissai pour tel.Certes, je plains son sort :
1145Il étoit honnête homme, et le ciel ne déploie…


Scène II.

DORANTE, ALCIPPE, CLITON.
ALCIPPE.

Je te veux, cher ami, faire part de ma joie.
Je suis heureux : mon père…

DORANTE.

Je suis heureux : mon père…Eh bien ?