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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/229

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SABINE.

Ah ! si vous connoissiez les peines qu’il endure,
Vous ne douteriez plus si son cœur est atteint ;
Toute nuit il soupire, il gémit, il se plaint.

LUCRÈCE.

1385Pour apaiser les maux que cause cette plainte,
Donne-lui de l’espoir avec beaucoup de crainte ;
Et sache entre les deux toujours le modérer,
Sans m’engager à lui ni le désespérer.


Scène IX.

CLARICE, LUCRÈCE, SABINE.
CLARICE.

Il t’en veut tout de bon, et m’en voilà défaite ;
1390Mais je souffre aisément la perte que j’ai faite :
Alcippe la répare, et son père est ici.

LUCRÈCE.

Te voilà donc bientôt quitte d’un grand souci ?

CLARICE.

M’en voilà bientôt quitte ; et toi, te voilà prête
À t’enrichir bientôt d’une étrange conquête.
Tu sais ce qu’il m’a dit.

SABINE.

1395Tu sais ce qu’il m’a dit.S’il vous mentoit alors,
À présent, il dit vrai ; j’en réponds corps pour corps.

CLARICE.

Peut-être qu’il le dit ; mais c’est un grand peut-être.

LUCRÈCE.

Dorante est un grand fourbe, et nous l’a fait connoître ;
Mais s’il continuoit encore à m’en conter,
1400Peut-être avec le temps il me feroit douter.