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M’a fait y consentir, et votre esprit discret
N’a plus d’occasion de m’en faire un secret[1].
PHILISTE.
Quoi ! Dorante a fait donc un secret mariage[2] ?
GÉRONTE.
Et comme je suis bon, je pardonne à son âge.
PHILISTE.
Qui vous l’a dit ?
GÉRONTE.
Lui-même.
PHILISTE.
Il vous fera du reste un fidèle récit ;
Il en sait mieux que moi toutes les circonstances :
- ↑ Var. [N’a plus d’occasion de m’en faire un secret.]
ARG. Quelque envieux sans doute avec cette chimère
A voulu mettre mal le fils auprès du père ;
Et l’histoire, et les noms, tout n’est qu’imaginé.
Pour tomber dans ce piège, il étoit trop bien né,
Il avoit trop de sens et trop de prévoyance.
À de si faux rapports donnez moins de croyance.
GÉR. C’est ce que toutefois j’ai peine à concevoir :
Celui dont je le tiens disoit le bien savoir,
Et je tenois la chose assez indifférente.
Mais dans votre Poitiers quel bruit avoit Dorante ?
ARG. D’homme de cœur, d’esprit, adroit et résolu ;
Il a passé partout pour ce qu’il a voulu.
Tout ce qu’on le blâmoit (mais c’étoient tours d’école),
C’est qu’il faisoit mal sûr de croire à sa parole,
Et qu’il se fioit tant sur sa dextérité,
Qu’il disoit peu souvent deux mots de vérité ;
Mais ceux qui le blâmoient excusoient sa jeunesse ;
Et comme enfin ce n’est que mauvaise finesse,
Et l’âge, et votre exemple, et vos enseignements,
Lui feront bien quitter ces divertissements.
Faites qu’il s’en corrige avant que l’on le sache :
Ils pourroient à son nom imprimer quelque tache.
Adieu : je vais rêver une heure à mon procès.
GÉR. Le ciel suivant mes vœux en règle le succès (a) ! (1644-56)
(a) Ce vers termine la scène dans les éditions indiquées. - ↑ Var. Quoi ! Dorante a donc fait un secret mariage ? (1660 et 63)