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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/237

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Il me fait le trompette et le second auteur !
Comme si c’étoit peu pour mon reste de vie
De n’avoir à rougir que de son infamie,
L’infâme, se jouant de mon trop de bonté,
1500Me fait encor rougir de ma crédulité !


Scène III.

GÉRONTE, DORANTE, CLITON.
GÉRONTE.

Êtes-vous gentilhomme ?

DORANTE.

Êtes-vous gentilhomme ?Ah ! rencontre fâcheuse !
Étant sorti de vous, la chose est peu douteuse.

GÉRONTE.

Croyez-vous qu’il suffit d’être sorti de moi ?

DORANTE.

Avec toute la France aisément je le croi.

GÉRONTE.

1505Et ne savez-vous point avec toute la France
D’où ce titre d’honneur a tiré sa naissance,
Et que la vertu seule a mis en ce haut rang
Ceux qui l’ont jusqu’à moi fait passer dans leur sang[1] ?

DORANTE.

J’ignorerois un point que n’ignore personne,
1510Que la vertu l’acquiert, comme le sang le donne ?

GÉRONTE.

Où le sang a manqué, si la vertu l’acquiert,
Où le sang l’a donné, le vice aussi le perd.
Ce qui naît d’un moyen périt par son contraire ;
Tout ce que l’un a fait, l’autre peut le défaire[2] ;

  1. Var. Ceux qui l’ont jusqu’à nous fait passer dans leur sang ? (1644-56)
  2. Var. Tout ce que l’un a fait, l’autre le peut défaire. (1644-56)