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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/241

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Qu’il faille que de lui je fasse plus de conte[1],
Et que ton père même, en doute de ta foi,
Donne plus de croyance à ton valet qu’à toi !
1585Écoute : je suis bon, et malgré ma colère,
Je veux encore un coup montrer un cœur de père,
Je veux encore un coup pour toi me hasarder.
Je connois ta Lucrèce, et la vais demander ;
Mais si de ton côté le moindre obstacle arrive…

DORANTE.

1590Pour vous mieux assurer, souffrez que je vous suive.

GÉRONTE.

Demeure ici, demeure, et ne suis point mes pas :
Je doute, je hasarde, et je ne te crois pas.
Mais sache que tantôt si pour cette Lucrèce
Tu fais la moindre fourbe ou la moindre finesse,
1595Tu peux bien fuir mes yeux et ne me voir jamais ;
Autrement, souviens-toi du serment que je fais :
Je jure les rayons du jour qui nous éclaire
Que tu ne mourras point que de la main d’un père,
Et que ton sang indigne à mes pieds répandu
1600Rendra prompte justice à mon honneur perdu.


Scène IV.

DORANTE, CLITON.
DORANTE.

Je crains peu les effets d’une telle menace.

CLITON.

Vous vous rendez trop tôt et de mauvaise grâce ;
Et cet esprit adroit, qui l’a dupé deux fois,

  1. Conte, compte. C’est l’orthographe constante de Corneille. Nous la conservons à la rime.