Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


APPENDICE.



PARALLÈLE
DE LA VERDAD SOSPECHOSA D’ALARCON
ET DU
MENTEUR DE CORNEILLE.


Il était réservé à Corneille d’ouvrir la voie à l’art comique en France, comme il avait fait pour la tragédie, en ayant recours une seconde fois au théâtre espagnol. Un discernement admirable, secondé par une chance fort heureuse, lui fait découvrir dans un recueil apocryphe de pièces imprimées en Espagne le texte le mieux approprié à l’instinct élevé qui le guide, le texte unique qu’il aurait probablement à choisir aujourd’hui encore, dans tout le domaine espagnol ; car c’est l’œuvre la plus sérieuse, au sens comique, du plus sérieux poëte de cette race, don Juan Ruiz de Alarcon y Mendoza.

Il ignora d’abord le nom du poëte auquel il avait cette obligation. La pièce dont il s’agit, livrée au pillage des libraires, ainsi que plusieurs autres du même auteur, faisait partie, dans le volume qu’étudia Corneille vers 1641, d’une douzaine de comédies portant le nom de Lope de Vega, recommandation suprême auprès des acheteurs. Qui sait même si le mensonge de cette enseigne ne contribua pas à attirer l’attention de l’investigateur ?

C’est en vain qu’Alarcon, publiant à Madrid une vingtaine de ses comédies en deux volumes, 1628 et 1634, avait réclamé à cette dernière date, d’un ton fin et discret, sa propriété usurpée, sans vouloir rendre responsables de ce pillage, fort ordinaire alors, des noms plus illustres que le sien : le vieux Lope, plongé dans la dévotion, approchait alors de sa fin ; rien n’empêcha d’ailleurs les éditions pseudonymes de se reproduire encore par la suite.

C’est le tome XXII (apocryphe) des Comédies de Lope de Vega,