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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/273

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tion. Survient l’ami commun, don Félix, qui s’occupe au combat : Garcia les quitte avec des airs graves de gentilhomme raffiné[1], et l’entretien qui suit est rendu en entier par la scène entre Alcippe et Philiste[2].

Dans la scène suivante, Clarice se dispose à la conversation du balcon en causant avec Isabelle des nombreuses faussetés du jeune homme, jusqu’à l’aveu d’un mariage, qui ôte toute excuse à ses empressements auprès d’elle. C’est à peu près tout le dialogue espagnol, moins la surprise de Jacinte-Clarice reconnaissant par la fenêtre le brillant étranger, qui n’est plus autre que le fils de don Beltran ou de Géronte.

Enfin la scène du balcon nous offre le moment principal de cet acte, et un effet encore très-dramatique. Dorante n’y ment plus, mais il fait penser à Clarice qu’il ment plus que jamais en ne lui parlant que de Lucrèce, parce que c’est le nom qu’il lui attribue. De là ce dialogue avec Cliton :

« Je disois vérité. — Quand un menteur la dit,
« En passant par sa bouche elle perd son crédit[3] ; »

et ce qui précède, le tout emprunté à ce texte bien net d’intention et de style :

DON GARCÍA.

Estoy loco.
Verdades valen tan poco !

TRISTAN.

En la boca mentirosa.

DON GARCÍA.

Que haya dado en no créer
cuanto digo !

TRISTAN.

cuanto digo !Que te admiras,
si en cuatro ó cinco mentiras
te ha acabado de coger ?
De aqui, si lo consideras,
conocerás claramente
que quien en las burlas miente
perde el crédito en las veras.

Il y a du reste, chez Alarcon, beaucoup de force et de rapidité dans le dialogue qui a poussé à bout le début de Jacinte et qui donne lieu à Lucrèce de désirer que le Menteur dise vrai en s’adressant à elle. La même conduite est suivie dans le français, et tous les traits principaux sont traduits.

  1. Comparez vers 769 et suivants.
  2. Acte III, scène ii
  3. Acte III, scène vi, vers 1079 et 1080.