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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/272

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que pienso que desvario.
Vine ayer, y en un momento
tengo amor, y casamiento,
y causa de desafio.

XIII.

En conséquence de la distinction essentielle déjà faite ci-dessus (X), notre parallèle n’exige plus désormais un rapprochement aussi continu des deux ouvrages. Le succès de l’imitation s’étend uniquement à ces parties de la pièce espagnole qui mettent en jeu le caractère du Menteur : l’effort pénible, la confusion, l’absence d’intérêt résultent chez l’imitateur de son impuissance à transporter sur la scène française l’autre moitié du type original, cette intrigue de mœurs espagnoles qu’Alarcon a si habilement fondue dans sa comédie de caractère. En effet l’unité de la conception originale consiste dans le rapport combiné de ces deux parties : d’une part, le Menteur se décrie par tous les contes qu’il invente ; de l’autre, il s’embarrasse jusqu’à la fin par une méprise fortuite sur le nom de celle qu’il préfère ; son erreur involontaire est imputée au compte de ses mensonges (verdad sospechosa), parce qu’on ne veut plus le croire : c’est la moralité de l’ouvrage, beaucoup moins saillante chez Corneille, et la punition s’accomplit par une petite disgrâce suffisante pour la justice du drame comique. L’ingénieux jeune homme n’épouse pas celle qu’il a recherchée, mais la compagne et l’amie placée tout auprès, à laquelle il a inspiré de l’intérêt dans le cours de ses quiproquos et de ses mensonges, en lui adressant par méprise ses protestations les plus vives. Pour en venir là, il faut passer par un de ces réseaux de complications piquantes et légères qui étaient le secret de la poésie et de la galanterie espagnole. L’esprit et le travail de Corneille s’épuisent en vain à reproduire un pareil tissu. En le suivant de moins près dans cette tentative, nous épargnons, bien qu’à regret, le temps qui serait nécessaire pour faire voir par ce côté le mérite de son modèle.

XIV.

Au commencement de notre troisième acte, l’épisode du duel est assez froidement indiqué par une conversation, tandis qu’il est mis en scène dans l’original. C’est sur le terrain, dans le parc d’Atocha, où son père l’a laissé, que Garcia rencontre son adversaire, lui demande la cause de ce défi, le rassure en inventant une dame mariée à laquelle il aurait donné sa grande fête, et insiste ensuite par point d’honneur pour croiser l’épée, puisqu’on l’a fait venir à cette inten-