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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/318

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Dès l’abord autrefois vous aimâtes Clarice ;
265Celle-ci, sans la voir. Mais, Monsieur, votre nom,
Lui deviez-vous l’apprendre, et sitôt ?

DORANTE.

Lui deviez-vous l’apprendre, et sitôt ?Pourquoi non ?
J’ai cru le devoir faire, et l’ai fait avec joie.

CLITON.

Il est plus décrié que la fausse monnoie.

DORANTE.

Mon nom ?

CLITON.

Mon nom ?Oui, dans Paris, en langage commun,
270Dorante et le menteur à présent ce n’est qu’un,
Et vous y possédez ce haut degré de gloire
Qu’en une comédie on a mis votre histoire.

DORANTE.

En une comédie ?

CLITON.

En une comédie ?Et si naïvement,
Que j’ai cru, la voyant, voir un enchantement.
275On y voit un Dorante avec votre visage ;
On le prendroit pour vous : il a votre air, votre âge,
Vos yeux, votre action, votre maigre embonpoint,
Et paroît, comme vous, adroit au dernier point.
Comme à l’événement j’ai part à la peinture :
280Après votre portrait on produit ma figure.
Le héros de la farce, un certain Jodelet[1],
Fait marcher après vous votre digne valet ;
Il a jusqu’à mon nez et jusqu’à ma parole,
Et nous avons tous deux appris en même école :
285C’est l’original même, il vaut ce que je vaux ;
Si quelque autre s’en mêle, on peut s’inscrire en faux ;

  1. Voyez ci-dessus la Notice du Menteur, p. 123-125.