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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/33

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periculorum, Magno illi Alexandro, sed sobrio, neque iracundo, simillimus ; qui denique semper et somno et cibo in vitam, non in voluptatem uteretur.




EXAMEN.


À bien considérer cette pièce, je ne crois pas qu’il y en aye sur le théâtre où l’histoire soit plus conservée et plus falsifiée tout ensemble. Elle est si connue, que je n’ai osé en changer les événements ; mais il s’y en trouvera peu qui soient arrivés comme je les fais arriver. Je n’y ai ajouté que ce qui regarde Cornélie, qui semble s’y offrir d’elle-même, puisque, dans la vérité historique, elle étoit dans le même vaisseau que son mari lorsqu’il aborda en Égypte, qu’elle le vit descendre dans la barque, où il fut assassiné à ses yeux par Septime[1], et qu’elle fut poursuivie sur mer par les ordres de Ptolomée[2]. C’est ce qui m’a donné occasion de feindre qu’on l’atteignit, et qu’elle fut ramenée devant César, bien que l’histoire n’en parle point. La diversité des lieux où les choses se sont passées, et la longueur du temps qu’elles ont consumé dans la vérité historique, m’ont réduit à cette falsification pour les ramener dans l’unité de jour et de lieu. Pompée fut massacré devant les murs de Pélusium,

    toute créance humaine : pareil du tout à ce grand Alexandre (mais sobre et qui ne se laissoit point vaincre à la colère) en grandeur de desseins, habilité de combattre, et patience ès dangers ; qui ménageoit sa nourriture et son repos, plus pour l’usage de sa vie que pour l’entretien des voluptés. » (Traduction de J. Baudoin, p. 41.)

  1. Voyez la Vie de Pompée par Plutarque, chapitres lxxviii et suivants ; et la Pharsale de Lucain, livre VIII, vers 560 et suivants.
  2. Voyez encore la Vie de Pompée par Plutarque, chapitre lxxx.