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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/345

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ACTE III.


(L’acte se passe dans la prison[1].)

Scène première.

CLÉANDRE, DORANTE, CLITON.
DORANTE.

Je vous en prie encor, discourons d’autre chose,
Et sur un tel sujet ayons la bouche close :
785On peut nous écouter, et vous surprendre ici ;
Et si vous vous perdez, vous me perdez aussi.
La parfaite amitié que pour vous j’ai conçue,
Quoiqu’elle soit l’effet d’une première vue,
Joint mon péril au vôtre, et les unit si bien
790Qu’au cours de votre sort elle attache le mien.

CLÉANDRE.

N’ayez aucune peur, et sortez d’un tel doute.
J’ai des gens là dehors qui gardent qu’on écoute[2] ;
Et je puis vous parler en toute sûreté[3]
De ce que mon malheur doit à votre bonté.
795Si d’un bienfait si grand qu’on reçoit sans mérite
Qui s’avoue insolvable aucunement s’acquitte,
Pour m’acquitter vers vous autant que je le puis,

  1. Cette indication manque dans les éditions de 1645-60 ; celle de 1663 la donne en marge ; dans les suivantes, elle est placée après le titre de la scène et les noms des acteurs.
  2. Var. J’ai des gens là dehors qui gardent qu’on n’écoute. (1645-56)
  3. Var. Et je vous puis parler en toute sûreté. (1645-56)