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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/352

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CLITON, lui ôtant le portrait[1].

Vous ne dites, Monsieur, que des extravagances,
935Et parlez justement le langage des fous.
Donnez, j’entretiendrai ce portrait mieux que vous ;
Je veux vous en montrer de meilleures méthodes,
Et lui faire des vœux plus courts et plus commodes.

Adorable et riche beauté,
940Qui joins les effets aux paroles,
Merveille qui m’as enchanté
Par tes douceurs et tes pistoles,
Sache un peu mieux les partager ;
Et si tu nous veux obliger
945À dépeindre aux races futures
L’éclat de tes faits inouïs,
Garde pour toi les confitures,
Et nous accable de louis.

Voilà parler en homme.

DORANTE.

Voilà parler en homme.Arrête tes saillies,
950Ou va du moins ailleurs débiter tes folies.
Je ne suis pas toujours d’humeur à t’écouter[2].

CLITON.

Et je ne suis jamais d’humeur à vous flatter ;
Je ne vous puis souffrir de dire une sottise.
Par un double intérêt je prends cette franchise :
955L’un, vous êtes mon maître, et j’en rougis pour vous ;
L’autre, c’est mon talent, et j’en deviens jaloux.

DORANTE.

Si c’est là ton talent, ma faute est sans exemple.

  1. On lit ici pourtrait dans l’édition originale, qui, comme les autres, donne partout ailleurs portrait.
  2. Ce vers a été omis par erreur dans l’édition de 1656.