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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/354

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DORANTE.

Que veux-tu ?

LYSE.

Que veux-tu ?Ce portrait, que je veux qu’on me rende[1].

DORANTE.

975As-tu pris du secours pour faire plus de bruit ?

LYSE.

J’amène ici ma sœur, parce qu’il s’en va nuit[2] ;
Mais vous pensez en vain chercher une défaite :
Demandez-lui, Monsieur, quelle vie on m’a faite.

DORANTE.

Quoi ? ta maîtresse sait que tu me l’as laissé ?

LYSE.

980Elle s’en est doutée, et je l’ai confessé.

DORANTE.

Elle s’en est donc mise en colère ?

LYSE.

Elle s’en est donc mise en colère ?Et si forte,
Que je n’ose rentrer si je ne le rapporte :
Si vous vous obstinez à me le retenir,
Je ne sais dès ce soir, Monsieur, que devenir ;
985Ma fortune est perdue, et dix ans de service.

DORANTE.

Écoute, il n’est pour toi chose que je ne fisse.
Si je te nuis ici, c’est avec grand regret[3] ;
Mais on aura mon cœur avant que ce portrait.
Va dire de ma part à celle qui t’envoie
990Qu’il fait tout mon bonheur, qu’il fait toute ma joie ;
Que rien n’approcheroit de mon ravissement,
Si je le possédois de son consentement ;
Qu’il est l’unique bien où mon espoir se fonde,

  1. Var. Que veux-tu ?Ce portrait, qu’il faut que l’on me rende. (1645-56)
  2. Var. C’est ma sœur que j’amène, à cause qu’il fait nuit. (1645-56)
  3. Var. Si je te nuis ici, c’est avecque regret. (1645-56)