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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/355

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Qu’il est le seul trésor qui me soit cher au monde.
995Et quant à ta fortune, il est en mon pouvoir
De la faire monter par delà ton espoir.

LYSE.

Je ne veux point de vous, ni de vos récompenses.

DORANTE.

Tu me dédaignes trop.

LYSE.

Tu me dédaignes trop.Je le dois.

CLITON.

Tu me dédaignes trop.Je le dois.Tu l’offenses.
Mais voulez-vous, Monsieur, me croire et vous venger ?
1000Rendez-lui son portrait pour la faire enrager.

LYSE.

Oh ! le grand habile homme ! il y connoît finesse.
C’est donc ainsi, Monsieur, que vous tenez promesse ?
Mais puisque auprès de vous j’ai si peu de crédit,
Demandez à ma sœur ce qu’elle m’en a dit,
1005Et si c’est sans raison que j’ai tant l’épouvante[1].

DORANTE.

Tu verras que ta sœur sera plus obligeante ;
Mais si ce grand courroux lui donne autant d’effroi,
Je ferai tout autant pour elle que pour toi.

LYSE.

N’importe, parlez-lui : du moins vous saurez d’elle
1010Avec quelle chaleur j’ai pris votre querelle.

DORANTE, à Mélisse.

Son ordre est-il si rude ?

MÉLISSE.

Son ordre est-il si rude ?Il est assez exprès ;
Mais sans mentir, ma sœur vous presse un peu de près :
Quoi qu’elle ait commandé, la chose a deux visages.

  1. Tel est le texte de toutes les éditions, y compris celle de 1692. Voltaire (1764) y a substitué « tant d’épouvante. »