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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/398

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Quel accident vous fâche, et le fait retirer ?
Qu’ai-je à craindre pour vous, ou qu’ai-je à déplorer ?

MÉLISSE.

1805Philiste, il est tout vrai… Mais retenez Dorante :
Sa présence au secret est la plus importante.

DORANTE.

Vous me perdez, Madame.

MÉLISSE.

Vous me perdez, Madame.Il faut tout hasarder
Pour un bien qu’autrement je ne puis plus garder.

LYSE.

Cléandre entre.

MÉLISSE.

Cléandre entre.Le ciel à propos nous l’envoie.


Scène V.

DORANTE, PHILISTE, CLÉANDRE, MÉLISSE, LYSE, CLITON.
CLÉANDRE.

1810Ma sœur, auriez-vous cru ?… Vous montrez peu de joie !
En si bon entretien qui vous peut attrister ?

MÉLISSE, à Cléandre.

J’en contois le sujet, vous pouvez l’écouter.

(À Philiste.)

Vous m’aimez, je l’ai su de votre propre bouche[1],
Je l’ai su de Dorante, et votre amour me touche,
1815Si trop peu pour vous rendre un amour tout pareil,
Assez pour vous donner un fidèle conseil.
Ne vous obstinez plus à chérir une ingrate :
J’aime ailleurs ; c’est en vain qu’un faux espoir vous flatte.

  1. Var. Vous m’aimez, je l’ai su, Monsieur, de votre bouche. (1645-56)