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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/417

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L’ouvrage de Corneille, achevé d’imprimer le 31 janvier 1647, a pour titre :

Rodogvne, princesse des Parthes, tragedie. Imprimé à Roüen, et se vend à Paris, chez Toussaint Quinet, au Palais, sous la montée de la Cour des Aydes, M. DC. XLVII. Auec priuilege du Roy. Il est in-4o et forme 8 feuillets et 115 pages. Peut-être cette façon d’indiquer sur le titre même de quelle Rodogune il est question a-t-elle pour objet d’insister sur la méprise de Gilbert. La crainte que Corneille avait de voir son ouvrage confondu avec celui d’un indigne concurrent ressort bien du moins de cette mention du frontispice gravé, qui représente la dernière scène de l’ouvrage dessinée par Lebrun : La Rodogune, tragédie, de M. de Corneille. Elle était d’autant plus nécessaire que le format des deux ouvrages est identique, l’apparence extérieure semblable, et que, bien que Toussaint Quinet soit titulaire du privilège de la pièce de Corneille, certains exemplaires portent le nom de Courbé, libraire de Gilbert, qui, ainsi qu’Antoine de Sommaville, s’était associé avec Quinet pour la publication de la pièce de Corneille. Dans les préliminaires de l’ouvrage notre poëte ne se permet qu’une critique tout à fait indirecte, mais très-significative, c’est l’indication détaillée des nombreuses sources historiques où il a puisé, et dont son plagiaire n’a pas un instant soupçonné l’existence.

Nous pourrions fort bien nous en tenir là sur l’origine de Rodogune, mais comme nous ne voulons laisser ignorer au lecteur aucune des opinions qui ont eu cours à l’égard des ouvrages de Corneille, nous sommes obligé d’en venir à une série de faits avancés par les uns avec beaucoup de mauvaise foi, et répétés par les autres avec une incroyable légèreté.

Dans ses Passe-temps d’un reclus[1], Charles Brifaut reproduit en ces termes un récit que lui fit le chansonnier Laujon, « qui, dit-il, avait voué un culte à Corneille : »

« Je possédais dans ma bibliothèque un curieux roman écrit en latin, au moyen âge, par un moine qui ne manquait pas de talent, comme vous allez voir. Sa fable intéressante et très-fortement conduite, sauf d’assez nombreuses invraisemblances,

  1. Œuvres, tome III, p. 53 et 54.